Journet et la sainteté discutés en colloque
L’année 2015 marque le 40e anniversaire du décès du cardinal Charles Journet. Un colloque, mis sur pied à Fribourg, marque l’événement. L’occasion aussi de faire le point sur son éventuelle béatification.
PAR SOPHIE ROULIN, LA GRUYERE
Le cardinal Charles Journet est mort le 14 avril 1975. Pour marquer le 40eanniversaire de ce décès, la Fondation du cardinal Journet, en collaboration avec la faculté de théologie de l’Université de Fribourg, organise un colloque – ouvert au grand public – les 27 et 28 novembre prochains, à Fribourg. Avec un objectif: «scruter une pensée qui a su allier l’effort de la sainteté et la complexité de la vie humaine et ecclésiale».
Mais cet anniversaire est aussi l’occasion d’en dire plus sur les démarches en cours en vue de la béatification de l’abbé Journet, lors d’un point presse qui s’est tenu hier au Centre diocésain, à Villars-sur-Glâne. «Sa personnalité ne laissait pas indifférent», a relevé l’abbé Philippe Blanc, auteur d’une thèse sur Charles Journet. Nommé en 2014 postulateur pour l’éventuelle cause de béatification par Mgr Morerod, il mène les travaux préliminaires de la postulation qui consistent notamment à recueillir des témoignages visant à mieux connaître la réputation de sainteté de l’abbé Journet.
Un résistant spirituel
Egalement auteur d’une thèse et d’une biographie sur l’abbé Journet, le prêtre Jacques Rime retrace la destinée du cardinal, né à Genève en 1891 et venu à Fribourg pour y étudier, puis plus tard pour y enseigner au séminaire. «Sa réflexion sur ce qu’est l’Eglise, publiée en trois volumes sous le titre L’Eglise du verbe incarné, le rendra célèbre et l’occupera toute sa vie.» Mais il est aussi connu pour avoir été l’un des résistants spirituels, se prononçant contre les totalitarismes et s’opposant aux fascismes durant la guerre d’Espagne puis la Seconde Guerre mondiale. Des positions à contre-courant de celles de l’Eglise d’alors.
«Toute vraie spiritualité ne peut s’exprimer dans un monde fermé sur lui-même, ajoute l’abbé Nicolas Glasson. La spiritualité est incarnée et elle va motiver l’abbé Journet à intervenir dans l’histoire par ses prises de position très clairvoyantes pour l’époque.» En 1926, Charles Journet avait fondé la revue Nova et Vetera, dans les éditoriaux de laquelle certaines de ses idées fortes figurent. Parmi ses nombreuses publications, certaines se verront interdites par l’Eglise.
Nommé cardinal par le pape Paul VI en 1965, Charles Journet participe à la dernière session du concile Vatican II. «Il a oeuvré à la défense de la liberté religieuse», souligne l’abbé Jacques Rime. Malgré sa nomination, Charles Journet garde son train de vie modeste de professeur au séminaire de Fribourg. Il est enterré sous une croix de bois anonyme dans le cimetière des chartreux de la Valsainte.
Un modèle pour l’Eglise
Quant à la procédure de béatification, sa phase d’étude préliminaire se poursuit. En plus des témoignages, il s’agit également de faire un inventaire complet de ses oeuvres. Un écrit sera ensuite rédigé et présenté à l’évêque diocésain qui décidera s’il est opportun d’ouvrir une cause de béatification.
De plus, il faudra un miracle. «Des traces existent, notamment un cas en Valais, mais les démarches sont en cours, il est trop tôt pour en dire davantage», souligne l’abbé Philippe Blanc. Et d’ajouter: «On vise cette béatification parce que l’abbé Journet peut être une figure, un modèle, sur le chemin de la vocation universelle à la sainteté.»
jeudi 19 novembre 2015